Je peins avec des mots
La martre défaillante
N’endigue plus le flot
Des visions pressantes …
Au sensible, oublieux
Je modèle sans hâte
Du verbe capiteux
Les inusables pâtes …
Encore insatisfait
Epris d’inexprimable
J’envie le chant qui naît  
D’un buisson innombrable !

PERSONNAGES

Restés amis secrets – camarades créés
Qu’enregistre – éphémère
Ma chambre de Daguerre.
Mouvez vos pas feutrés
Je vis parmi les vôtres
Allez ! les temps sont vermoulus
Je vous ai voulus
Pour mon circuit entre les autres.
 
Mes christ ! Votre passion dure encore ?
Vos lamelles saignantes
N’ont pas repu les meutes aboyantes ?
Des douleurs sont passées dans mon corps
Tendant le cou à briser l’occiput
Sans vaincre Belzébuth.
 
Lazare le Saint – d’avoir fait connaissance
Avec la mort deux fois et la double naissance,
Déplie tes os.
Peintre – libre de la charpente
Que je saute les routes impatientes
Où l’art ancien s’enclôt !
 
Que le support de chanvre reçoive mon poète
Et du désespéré la dernière quête !
 
Qu’aussi cet animal humain
De sa bassesse abdique –
Elève une supplique
En forme de ses mains !
 
Amis vous avez mes âmes
Je vis de leurs arrachements
N’est-ce pas ordre infâme
D’enfanter le châtiment.
Prière à personne  – (ballade)
  
Prière à personne !
Chanson vagabonde
Plainte des méconnus
Dans le tohu-bohu …
 
Prière à personne !
Image bouffonne
De tous les dévêtus
Tu tu turlututu …
 
Prière à personne !
Ni Dieu, ni Madone
Pas besoin d’Absolu
Pour les deux fois vaincus ….
 
Prière à personne
Qui s’illusionne
Ils ont été tendus
Ils ont été tondus …
 
Prière à personne !
Souvent qui pardonne
Que tous les malvenus
Soient un jour refondus …
 
Refrain.
 
Prière à personne !
Comme tu résonnes
En nos coeurs éperdus
Pauvre refrain perdu !

” KARMA “

Si, forçant la nullité noire,
Que polit le grillon abrasif,
Je tente l’interrogatoire
D’un monde coactif ;
Bizarrement … Je transfère
Le moi habituel
Hors de sa tare mensongère
 
Des présences inéluctables,
 Dépouillent mon pôle banal
Et le rendent habilitable
A l’élément astral.

 

L’imprenable meilleur
A peine soupçonné sur terre,
Oublieux du gloseur
Ici, limite le tonnerre
En sorte que l’aboutissement extatique
Voisine, dans une immensité,
Avec la sanction tellurique
Et l’acte de bonté.

 

Je me sens mesurer horizontalement
Les nappes disponibles
De pressentiments
Inextinguibles.
 
Comment compter, en bulles mordorées
Les désirs, qui vont naître
Et dont les corps sont prêts ?
Me voilà de reconnaître
 Les formes adulées
 Sans besoin d’ailes, pour planer.
 Il y en a d’inassouvies,
 Qui demandent deux vies.
 
Et celui-là – inaccompli – devra choisir
entre la peau
D’une bête
Ou d’un poète
Ou la peine des pinceaux.

 

… Qu’était la notion de distance ?
J’atteins l’air plus volatil
Et de pures essences
Chantent au sens puéril.
 
O présence interconfondues
Qui –supérieurement- reformez les nues
Excusez, dans votre profusion
De lointains pucerons….
Vous les voyez, sans fatigue,
Sur la balle quittée, revenez à eux
Avec les solutions prodigues
A leurs cerveaux vaseux.

 

Parfums
 
Brumes rampantes de la veille…
Nativité des Orients …
Lumineuse ombre qui sommeille …
Souffle noueux par les serments.
 
 
Corolles dont la chair expire …
Vagues mourantes dans l’embrun …
Haleines impossibles à dire …
Suave ozone des parfums.
 
Un baiser à ta lèvre peinte
Devient cocarde en tes cheveux …
L’âme d’une larme qui suinte
Ajoute au cristal de tes yeux …
 
C’est ainsi que te respire
Tandis que mes anges déments
Retrouvent à ta gorge de cire
La souvenance des encens.
 
Saches, qu’au-delà de tout, j’aime
Ces imaginaires senteurs
Qui forment – chaste diadème
Le halo vermeil de ton cœur !
Poème
O mon Arbre congénital
Hâtif – bien trop – d’éclater ses bourgeons
Qui feront des fleurs ouvertes, en regards
Impatients du destin des fruits.
 
 
O mon Arbre sentimental
Voué aux initiales des serments
Et dont les flèches suturées
Décompteront l’inexorable calendrier.
 
O mon Arbre viscéral
Obligé de la sève globulaire
Et du PH humoral
Admirable pompe.
 
O mon Arbre paradoxal
Inquiet de nouvelles torsions
Et de mains –  « au- delà »   !
Pleines d’irréalités spatiales !
 
Est-ce  que tu tomberas en gibet resigné
Sous la cognée prévue ? pour faire quelques planches .
 
Est-ce que sous les neiges respectées, s’usera ta
Dernière goutte vitale ?
 
Colonne creuse devenue – âme de violoncelle offerte aux
Complaintes du vent – Atteindras-tu la nourriture de
L’humus, dans la Forêt humaine ?

AQUARIUM

                                  
Un aquarium, un songe …
 
… Et la branche, devint vivante
Comme dans un tableau surréel,
Ouvrant sa main adragante
Pour saisir un cœur charnel –
Tel qu’il saigne à l’étal des boucheries
Et aux musées d’anatomie.
 
De ce muscle paradoxal
Un essaim de poissonnaille
Paradisiaque, attendait sa ripaille
Des larmes de cristal.
 
Bien que ce cœur fut mien,
Cela n’était pas triste,
Je n’avais de dessein
Qu’analytique …
 
Toute flore actinale, alors se mua
Magiquement, en viscères pulsées
Et l’onde s’anima
De fluorines irisées.
 
En fin de combustion
De cette chair mièvre
Et sortant d’un buisson
D’ardentes lèvres
 
J’entendis
 
Le cœur est consommable
En tant qu’aliment substantiel
 
Il vêt la forme innombrable
Aussi du désistement pluriel
 
Toute chair est disponible
Pour terre ou poissons
 
Tout esprit est coercible
De l’absolue vision
 
Je réclame deux âmes
Dont celle d’une femme
Mais, à qui s’adresser ?
La mienne en a assez
De ses excès
Je me l’étais clouée sur la peau
Comme un oripeau
Comme un  drapeau.
 
 
Je les voudrais neuves
A toute épreuve
Et les fabriquerais
Telles que tu sais.
 
 
Tyranniques maîtresses
Aux caresses
Qui usent
Est-ce là, ce qu’on appelle les Muses ?
 
A l’Ecole utopique
Des réalités absentes
Qu’elles instrumentent
Mes rêves magnifiques
S’imprègnent
De ce sperme inconnu
Et atteignent
Plus haut que je n’ai pu.
 
Drôle besoin de mon être
De renaître
Toujours
-C’est bien écrire
Pour ne rien dire ….
 
Je le crois donc si beau
Mon tableau ?
Tu n’achèveras pas ton rire
Tu n’auras pas dit,  demain
Tu n’auras pas tissé la toile
De tes projets.
 
En cet avenir certain
A peine prenais-tu position
Que résonne le pas du moissonneur
Pour tomber ta moisson, avec les autres
Epis, peut-être vides ou pas encore mûrs,
Pour donner du travail aux meules
Inexplicables,
Graissées par les sueurs dernières
De la matière broyée.
 
Il faut que ton âme prêtée, au terme de la
treille, Accepte le pressoir
Sous les pieds des vignerons funèbres
Avant que ce soit leur tour.
 
Qu’elle se résigne généreusement
A cette chose anonyme,
A la séparation de la pulpe
Du total du vin nouveau
De tes bonnes actions.
 
Dieu, que cette liqueur vous agréée !
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